La pochade est une sorte de peinture expresse, d’esquisse préparatoire picturale qui mêle recherche de matière et de sensations subtiles. Elle se décline dans la peinture, le dessin ou même la littérature  à la manière par exemple des poèmes minute d’Arthur Teboul (Feu Chatterton). Les étudiants en art la pratiquent. On serait tenté d’en faire une forme subalterne, celle du brouillon ou de l’essai inabouti, mais Jacques Monnin lui redonne ici de sa noblesse et peut-être de sa force.
L’artiste se laisse surprendre par les divagations sans technique précise ni plan établi, se fiant à une gestuelle presque incantatoire qui scande impusions colorées et impressions fugaces. Il n’a pas de dess(e)in tracé d’avance, juste la volonté de laisser une trace tangible de l’intangible au rythme de sa respiration.
Et du souffle, Jacques Monnin en a ! À arpenter les sentiers des Vosges pour avoir le répit de ceux des Alpes, le montagnard jette au vent ses couleurs et impressions de marcheur pour en partager le jaune et le ciel dont on fait le vert, et quelquefois les vers.
« Va vers nulle part
L’horizon n’est pas loin
Va vers nulle part
Tu connais le chemin »
A. Teboul, Le déversoir,
Poèmes minute,  Seghers, 2023

C.  Flamant
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